Nous avons gardé le meilleur pour la fin ! Pour notre dernier article consacré à la Nouvelle-Zélande, voici quelques informations sur les Maoris.

Maori signifie simplement "être humain" mais le terme a acquis un sens particulier pour désigner les premiers habitants de la Nouvelle-Zélande. Aller en Nouvelle-Zélande, c'est découvrir un des rares endroits au monde qui a su conserver et maintenir vivante une culture millénaire, malgré l'invasion massive (mais limitée) du pays par les Occidentaux.  

Cette culture s'affiche partout dans l'espace public : les panneaux, par exemple sont toujours doublés en anglais et en langue maori. A la télévision, il existe deux chaînes publiques Maori : l'une sous-titrée en anglais, l'autre entièrement en Maori. Les Kiwi (c'est ainsi que les Néozélandais s'appellent eux-mêmes) sont très fiers de cette identité culturelle.

Ajoutons enfin que le conseil des Iwi (les Iwi sont les peuples, nations ou tribus Maori) dispose d'un pouvoir politique et bien plus encore moral dans la Nouvelle-Zélande actuelle. Ainsi à titre d'exemple, Aoraki/Mount Cook appartient légalement à l'iwi Ngāi Tahu.

Les Maoris sont vraisemblablement originaires de Polynésie. Arrivés par bateau au VIIIe ou IXe siècle, ils ont peuplés la Nouvelle-Zélande qui était a priori inhabitée. Par la suite, ils seraient restés étrangement sans contact extérieur jusqu'à l'arrivée des Européens. Aussi incroyable que cela puisse paraître étant donné les distances de navigation à couvrir, il existe différentes preuves de l'ascendance polynésienne des Maoris : le langage (beaucoup de mots sont communs avec le groupe linguistique Polynésie-Hawaï), l'introduction d'espèces nouvelles et domestiqués arrivées avec eux et la génétique.

Les scientifiques se disputent pour savoir s'ils sont arrivés par plusieurs vagues. Toujours est-il que leur isolement a donné naissance à une culture très différente de celles de leurs lointains cousins polynésiens.

Les conditions climatiques ont conduit les hommes à s'adapter, la découverte de nouvelles espèces a modifié les règles de la chasse, la classification du règne animal, etc. A leur arrivée sur l'île du Nord, les Maoris ont découverts une île sans mammifère (à l'exception de chauve-souris). Certaines espèces étaient totalement nouvelles, comme le Moa, une immense autruche, (qui n'a d'ailleurs pas résisté à la rencontre et a disparu 400 ans après leur arrivée) ou encore l'aigle géant de Haast (disparu lui-aussi au XVe siècle).

L'histoire de la Nouvelle-Zélande est l'une des plus courtes du monde. Elle commence vers l'an 1000 avec les Maoris puis se poursuit en 1642 avec le navigateur hollandais Abel Tasman. Son nom vient de l'origine hollandaise de son découvreur. Il signifiait "nouvelle terre marine" et a ensuite été anglicisé par James Cook qui est le premier à longer sa côte en 1769.

Le débarquement d'Abel Tasman est très bref. Il faut dire que quatre de ses marins sont cannibalisés par les tribus locales. Plusieurs maoris sont tués dans l'affrontement. Si bien que pendant 127 ans personne ne s'aventure de ce côté là. En 1769, d'un seul coup tout le monde s'y met. Il y a James Cook, l'anglais qui, au dire des explorateurs qui l'ont suivi, a laissé si peu de découvertes aux autres, et le français Jean de Surville, exactement au même moment, et qui est resté presqu'inconnu. Il faut dire que le français se noie l'année suivante au Pérou tandis que Cook revient en 1773 et 1777.

James Cook devait être un explorateur exceptionnel. Alors même que 10 de ses marins ont été tués et cuisinés par les Maoris sans doute à la suite d'une maladresse de l'équipage lors d'un rituel de bienvenue, il écrit dans son journal : "bien qu'étant cannibales, ils sont naturellement de bon tempérament".

Après James Cook commence la colonisation et la signature du très discuté traité de Waitangi qui offre la terre à la couronne britannique. Pour les Maoris, la terre n'appartient pas aux individus, la terre représente leurs ancêtres mythiques. Ainsi la naissance du Mount Cook n'est pas géologique. Les fils du ciel, Aoraki et ses trois frères, sont partis en voyage à travers la terre-mère lorsque leur canoë sombre. Aoraki, le plus jeune et le plus grand, monte sur la proue du bateau. Le vent du sud les transforme en pierre. Du canoë, aux rames, en passant par les frères, tous deviennent un morceau du relief.

Du fait de l'arrivée des Occidentaux, 20 000 Maoris seraient morts, de nouvelles maladies ou de la guerre des Mousquets qui a exacerbé différents conflits entre les tribus. Ils devaient être environ 100 000 auparavant. Il faut préciser que pendant longtemps seule l'Île du Nord était habitée par les tribus. L'Île du Sud servait de réserve pour la chasse puis elle a été progressivement conquise sous la pression démographique et les guerres intertribales. 

Beaucoup de mariages mixtes ont été célébrés dès les premiers temps de la colonisation. On peut ainsi croiser des personnes se réclamant d'un ancêtre maori et qui ont néanmoins une allure très "british".

Voici ci-dessous quelques photographies prises au musées maori d'Okains Bay. Malgré sa discrétion, il présente une collection impressionnantes d'objets maoris, malheureusement pas très photogéniques parce que présentés dans de mauvaises conditions. On trouve ainsi des collections d'aiguilles en os, d'hameçons, de peignes, de matériels de tatouages, des filets de pêches, des barques et des matériaux ayant appartenus aux premiers colons. Différentes époques se succèdent et permettent de voir les avancés techniques réalisées au niveau des lances, des crochets et des matériaux utilisés.   

Entrée du musée

Maison traditionnelle Maori

L'art Maori est hautement symbolique. Par exemple, le personnage ci-dessus, qui se trouve à l'entrée d'une maison, a quatre doigts à la main (comme conventionnellement dans les bandes dessinées...). Presque toutes les statues n'ont que quatre doigts. la plupart également ont les mains posées sur le ventre - qu'il s'agisse d'homme ou de femme.

La frise qui orne l'entrée d'une maison collective peut paraître effrayante. Or, il s'agit d'enfants (alternativement des garçons et des filles) formant une ronde. Dans l'art Maori, les personnages sont représentés de manière extrêmement stylisés. L'accent est mis davantage sur la représentation symbolique et imagée de la réalité bien plus que sur sa reproduction à l'identique. 

Médaillon en néphrite (jade), une roche qu'on ne trouve que sur l'île du sud. Les Maoris sont aussi très connus pour leurs sculptures du bois et des os.

Le tatouage facial - Ta Moko - (l'un des grands tabous occidentaux) a beaucoup fasciné les premiers colons. Bien qu'ils se ressemblent dans leur conception, chaque tatouage est unique. Ils ont une signification importante dans la vie de l'homme ou la femme qui le porte, marquant à la fois le passage de l'enfance à l'âge adulte et le rang (statut social). Ils sont significatifs de certains rites. Ils ne sont pas réalisés avec des pointes mais avec des sortes de peignes très coupants. Le tatouage peut parfois évoluer dans le temps (ajout de figures géométriques, etc.). Le tatouage a également une valeur esthétique et est un outil de séduction. La forme et l'emplacement du tatouage varie selon qu'il est porté par un homme ou une femme.

Ces barques anciennes ont été restaurées sur plusieurs années. Elles peuvent accueillir jusqu'à 40 personnes ! Elles servent encore aujourd'hui lors de cérémonies rituelles.