• Que faire après la Thaïlande ?

    Le suspense est intenable ! Pour nous, il a duré trois mois, où l’on s’est vus tour à tour en Malaisie, au Cambodge, au Sri Lanka ou encore au Népal. Finalement, ce sera...

    Notre projet initial était de passer un an en Australie. Les règles d’obtention des visas et le coût de la vie nous ont vite dissuadés de le faire. Si bien que nous avons cherché d’autres destinations, des destinations qui nous attiraient, comme le Costa Rica et des destinations qui nous permettaient de couper ce long voyage tout en étant abordables, comme la Thaïlande.

    Nous devions donc passer 3 mois au Costa Rica puis 3 mois en Thaïlande (limite des visas de tourisme), et 6 mois en Australie. Ne connaissant à peu près rien du Costa Rica à l’époque où nous avons commandé les billets, nous nous étions rapidement renseignés sur le niveau de vie. Comme il nous est apparu plutôt bon, nous avons réduit notre séjour à 2 mois craignant que nos finances ne suivent pas.

    Aujourd’hui, nous regrettons un peu d’avoir pris un retour au bout de 2 mois. Nous aurions pu passer un mois de plus pour ensuite voyager dans d’autres pays limitrophes comme le Panama et descendre plus bas en Amérique du Sud, dont tant de pays (Argentine, Pérou…) nous attirent depuis. Quitte à découvrir les Amériques, autant le faire à fond. A l’époque de la commande de notre billet, tout cela nous effrayait : ces deux mois nous semblaient des années, les conditions sanitaires et de sécurité, la vie à cinq, le fait de devoir bouger d’un pays à l’autre… Tout cela était compliqué, d’autant que nous avions mille autres choses à prévoir simultanément tout en gérant notre vie habituelle déjà bien remplie !

    Le plus économique et le plus sûr était de prendre un AR Paris-San José puis un vol vers la Thaïlande. Alors que nous avions commandé notre Aller simple vers Bangkok, trois semaines avant notre départ nous nous sommes aperçus que les règles de visas avaient changé. Nous ne pouvions plus rester 3 mois, il fallait demander un visa de deux mois. Nous l’avons eu de justesse en faisant 2 aller-retours à Paris, au moment où en même temps que préparer nos bagages, nous préparions nos cartons pour le container.

    Il n’est pas facile de faire des choix. Pour partir au Costa Rica, nous pouvions emmener 23 kg de bagages par personne + des bagages à main sans limite de poids, mais limités en taille + un lit parapluie. Qu’allions-nous prendre avec nous ? Qu’est-ce qui est essentiel ? Qu’est-ce qui est accessoire ? A chaque étape nous nous reposons les mêmes questions avec notre superbe pèse-valise.  Petit outil indispensable à notre survie !

    Notre bref passage en France nous a permis d’évacuer des affaires mais aussi d’en prendre des nouvelles.
    Pour Bangkok, nous avions droit à 20 kg de bagages + 7 kg de bagages à main : soit 135 kg. Jules ayant fêté ses 2 ans au Costa Rica, le lit parapluie n’est plus « offert », c’est un bagage comme un autre et son poids devient inclus dans le poids total (+11 kg). Nous nous étions volontairement limités sachant que nous pouvions acheter pas mal de choses en Thaïlande : nous avions donc 3 valises de soute et 2 valises à main.

    Nous voyageons dans des pays aux climats différents (il faut donc prévoir vêtements chauds + vêtements d’été + vêtement de pluie), nous avons des impératifs comme les cours pour Alexandre et Arthur (le poids du savoir, c’est quelque chose !) et nous achetons aussi des affaires pour la vie de tous les jours (à chaque location nous devons racheter un kit : éponge, produits divers, condiments - si quelqu’un nous suit, il a de quoi faire !) et quelques souvenirs (très peu dans l’ensemble car nous nous limitons beaucoup).

    Depuis notre Aller Bangkok - Chiang Mai, nous sommes pourtant en excédent de bagages : environ 10 kg (tout en réussissant à tricher sur le lit parapluie !). Nous avons racheté 2 valises.

    C’est d’autant plus compliqué que les règles de poids changent d’une compagnie à l’autre et que nous n’avons pas pris deux fois la même !

    Lors de la campagne présidentielle américaine, j’ai lu un portrait de Barack Obama où le journaliste expliquait que le candidat évitait au maximum de faire des choix : le matin il se lève, une heure de sport : course ou poids sans choisir, costume noir ou bleu, chemise toujours blanche. Il ne choisit jamais son repas (son équipe connaît ses goûts) et boit invariablement du thé vert dans l’après-midi. Pourquoi ? Parce que les travaux récents d’économistes (qui ont été primés par le Nobel) montrent que la pertinence des décisions décroît au fur et à mesure qu’on en prend. Pire, l’esprit humain est tel qu’il se convainc lui-même de la rationalité de ses décisions (auto-persuasion). Pour pouvoir faire les bonnes décisions, Barak Obama évite d’en prendre d’inutiles. Plus il y a de choix à faire, plus on cherche à trouver, non pas la solution idéale, mais celle qui nous permettra d’abréger les souffrances de l’indécision.

    Les politiques le savent bien. Ils nous abreuvent à longueur d’année de questions que nous n’avions pas imaginé nous poser avant eux. Ils créent en permanence des questions « importantes » artificiellement gonflées et amplifiées par un fait divers et sur lequel nous sommes sommés de prendre position. A la fin, nos choix, qu’ils s’agissent d’élire un représentant ou de prendre des pâtes ou du riz à table reflètent juste notre exaspération à avoir sans cesse à trancher.

    Pour revenir au voyage, nous n’avions planifié qu’une seule destination, le Costa Rica, où nous avions réservé d’abord les 3 dernières semaines, puis le premier mois. Il nous restait à occuper 10 jours entre les deux. A chaque étape, nous consacrons plusieurs jours à préparer les étapes suivantes, au risque parfois de ne pas assez profiter du moment présent. C’est le revers de la médaille.

    L’avantage, c’est qu’au dernier moment, nous avons parfois des prix compétitifs. Et encore. C’est sans doute beaucoup plus dû à la saison. Nous avons la chance d’arriver toujours dans des saisons creuses. Les logements sont donc plus faciles d’accès, simplement parce qu’ils sont plus libres. Nous aurions un choix beaucoup plus réduit et des prix plus élevés si nous n’étions pas dans la saison des pluies.

    Depuis notre arrivée à Bangkok nous n’avons pas cessé de chercher le bon endroit où aller après l’expiration de nos deux mois de visa. Du Costa Rica nous avions réservé notre journée avec les éléphants dans le nord du pays, il fallait donc que nous trouvions un logement du côté de Chiang Mai. Puis un autre ensuite.

    Là où les décisions sont difficiles et longues à prendre, c’est lorsqu’il faut jongler avec de multiples facteurs. Pour ces deux destinations thaïlandaises, il nous fallait trouver un logement :

      - minimum deux chambres,

      - prix abordable,

      - une cuisine,

      - « walking distance to commodities » car nous sommes piétons,

      - affiché sur le web ou dans un guide,

      - avec un contact en anglais ou en français.

    Ce n’était pas encore trop difficile. Là où ça devient complexe, c’est pour la suite, après ces 2 mois en Thaïlande. Car à ces critères, il fallait ajouter :

     - situation politique, sanitaire, sécuritaire du pays,

     - possibilité de location,

     - temps de voyage (ne pas repasser 24h dans les transports)

     - Coût global (visa et sa durée, billet d’avion Thaïlande vers ce pays et ce pays vers Sydney).

    Bien sûr à première vue tout cela semble beaucoup conditionné par le prix. C’est un critère important parce qu’il conditionne la durée de notre voyage. Quand nous n’aurons plus d’argent, nous serons obligés de rentrer. Sans revenus pendant un an, ce n’est pas à négliger.

    Après avoir fait des arborescences macro et micro décisionnels (j’exagère à peine), lu des dizaines de guides sur les pays limitrophes, simulé des dizaines d’itinéraires aériens et routiers, consulté des milliers de sites internet, vu des dizaines de milliers d’annonces de logements… notre tête a bien failli exploser, d’autant que plus le temps passe, plus la nécessité de trouver une solution est pressante.

    Chaque soir, nous nous remettions à l’ouvrage ressortant des tableaux entiers, des notes et nous nous projetions à chaque fois dans des destinations que nous n’aurions jamais pensé explorer.

    Tour à tour, nous sommes allés en Malaisie, au Cambodge, au Laos, à Singapour, en Indonésie, aux Philippines, au Sri Lanka, au Népal, en Birmanie et même très furtivement en Australie. Trop de critères, trop d’enjeux, trop de temps passé. Tout cela n’a pas été perdu. Nous en savons beaucoup maintenant sur cette partie du monde.

    La Malaisie. C’était le choix le plus économique et le plus facile. Il suffisait de prendre un billet d’avion (moins cher qu’un renouvellement de visa en Thaïlande). Nous avons eu plusieurs contacts là-bas à Kuala Lumpur et bien failli réserver. Seulement, le pays est majoritairement musulman et la discrimination positive est inscrite dans la constitution. De ce fait, on voit un grand nombre de locations « pour musulmans uniquement ». Ce n’est pas l’islam qui est dérangeant, mais imaginez des locations réservées aux blondes à forte poitrine. On a déjà dû mal ici avec les files réservées aux « Farang » (étrangers). Ajoutez à cela le Ramadan et la saisons des pluies qui compliquaient un peu plus, ça ne collait pas avec notre séjour.

    Au Cambodge. Nous n’avons pas trouvé de locations répondant à nos critères, nous ne trouvions que des hôtels. L’expérience nous montre qu’il est difficile de faire manger les enfants tous les jours au restaurant – surtout des plats majoritairement épicés, sans parler du coût. On a plutôt l’impression que les séjours au Cambodge sont des circuits sur les trois principales villes et on ne trouve pas comme ailleurs (facilement) des locations longues durées.

    Au Laos et en Birmanie. Au Laos, on n'a trouvé qu’une seule location, en Birmanie, deux ! La prudence sanitaire, au moment où nous avons goûté aux joies des hôpitaux thaïlandais, nous a dissuadés d’y aller.

    Singapour. Après avoir lu l’alerte du Ministère des Affaires étrangères recommandant de ne sortir qu’en cas d’extrêmes urgences à cause du taux de pollution, nous avons vite abandonné, même si ça nous a rappelé Bangkok avec une certaine nostalgie.

    Philippines et Indonésie. Dans ces deux pays, il faut choisir avec précision son île, car toutes ne sont pas sûres. Le visa est bien trop court (21 jours aux Philippines), la route bien longue et compliquée malgré une maison sur île paradisiaque qu’on s’est promis d’explorer une autre fois.

    Sri Lanka. Malgré le coût de l’avion, un peu supérieur à d’autres destinations, c’est sur ce pays que notre choix s’est porté. Une fois le choix fait, il suffisait de prendre les billets. Et c’est là que nous avons vu une promotion exceptionnelle pour un aller Bangkok-Sydney, moitié moins cher que le prix habituel. En l’espace de deux heures, on a décidé d’aller à l’immigration pour prolonger notre séjour en Thaïlande. Les 4 heures passées entre réfugiés birmans, travailleurs laotiens, touristes majoritairement asiatiques, n’ont pas été vaines. On a finalement obtenu – sans être interrogés – une prolongation d’un mois. Il ne restait plus qu’à trouver une location.

    En quelques jours ce fut fait, nous allons à Pattaya (à 3h de Koh Mak, 1h30 au sud de Bangkok, la position idéale pour nous).

    Finalement, pour clore ce long article sur la prise de décisions, ce qu’il nous reste en mémoire, ce sont aussi tous ces moments dans un voyage (et c'est loin d’être fini !) où l’on n’a pas à choisir, et ça fait du bien. Au final, on fait des choses qu’on aurait jamais faites : prendre 5 douches avec une bonbonne de 18 litres d’eau froide, manger de la viande avariée, manger pas de viande du tout, marcher avec l'eau jusqu’aux genoux dans les égouts nauséabonds de Bangkok qui débordent, cuisiner des œufs qui n’ont jamais vu le frais et attendent dans la moiteur tropicale, utiliser des toilettes où les mouches sont sans doute les éléments les plus propres du décor, traverser un pays d’est en ouest pour rendre une voiture, dormir à 5 dans la même pièce, dormir en compagnie de scorpions, d’araignées, et autres bestioles non identifiées, etc.

    Mais en définitive, l’incessante question : « où aller ensuite ? », c’est surtout « Que découvrir ensuite ? » et c’est, croyez-nous, une préoccupation bien agréable !

    David et Emilie

    Que faire après la Thaïlande ?


  • Commentaires

    1
    Frudy'M
    Jeudi 11 Juillet 2013 à 13:29

    Quelle belle analyse ! et quelles connaissances  "intérieures et extérieures" vous apportent ce lacher-prise d'une année....  Plein de bisous à vous tous. Mamie Françoise

    2
    cath.JM
    Dimanche 14 Juillet 2013 à 22:10

    finalement, je me pose beaucoup moins de question quand je me lève le matin pour aller  au bureau !!

    3
    LAdoudounette
    Mercredi 17 Juillet 2013 à 15:35

    Je suis d'accord, au final, c'est presque plus reposant pour notre cerveau de rester dans notre quotidien :D Mais ce qui est sûr c'est que vous allez rentrés grandis de cette superbe année, et peut-être qu'au final les décisions seront plus faciles à prendre une fois rentrés ici ;)

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