• Tous à l'eau !

    Nous sommes depuis vendredi 19 juillet à Pattaya. Le voyage a été houleux.

    Notre "speedboat" était programmé à 8 heures. Il y a seulement deux départs dans la journée pendant la saison des pluies, parfois pas du tout quand les conditions ne le permettent pas. Arrivés sur le quai, nous sommes une petite quinzaine. Il a plu pendant la nuit. Le ciel est couvert et il y a du vent. Il y a deux jours le vent nous a réveillés à 3 h du matin en emportant dans son sillage un arbre d'une dizaine de mètres qui est tombé avec fracas sur le réservoir d'eau de la maison.  

    Tous à l'eau !

      

    Très vite sur le quai, on apprend qu'il n'y aura pas de départ à 8 h. Le vent souffle dans le mauvais sens. C'est un bateau à moteur, non ? « Oui bien sûr, mais si vous prenez mal la passe entre les deux îles, la houle vous précipite contre les rochers ». D’accord, on va plutôt attendre :-).

    Nous attendons sur le quai. Partira, partira pas. D'un seul coup le capitaine se lève, on va partir. Distribution de ponchos en plastique pour tout le monde. Côté ciel, il y a bien quelques gouttes, mais rien de bien méchant. Par contre, le vent s’est levé, il souffle fort. On commence à charger les affaires.

    Les habitants profitent des départs du bateau pour envoyer du courrier et charger des affaires à destination du continent. Ainsi en est-il de cette pompe à eau envoyée en révision. Les deux membres d’équipages (des trentenaires qui sont aussi les enfants du capitaine) se passent les colis et doivent sans cesse jongler avec la houle qui trimballe le bateau en va-et-vient incessant entre le quai et la limite de la corde. Lors du chargement, la pompe change de main mais lors d'un de ces va-et-vient tombe au fond de l'eau. Grâce à une perche, ils réussissent à la repêcher pendant que d'autres voyageurs arrivent. Il n'y aura pas d'autres départs dans la journée. Ceux qui veulent gagner le continent doivent partir maintenant. Dans le bateau nous sommes moins d'une trentaine. Moitié Thaï, moitié touristes. A peine installés, le capitaine demande qu'on mette les gilets de sauvetage pendant que l’équipage, l'air grave, commence à compter les passagers. L’ambiance est tendue et contraste beaucoup avec notre trajet d’aller où tout l’équipage semblait si détendu. A bord, le capitaine insiste, nous devons mettre les gilets de sauvetage.

    Tous à l'eau !

      

    Dès le démarrage, des vagues viennent secouer l’embarcation et nous arrosent copieusement, malgré la toiture de tissu. Pendant presque 30 minutes, on danse sur le dos d’une baleine (enragée). Le bateau dispose de trois moteurs à l’arrière, tantôt le capitaine actionne l’un, tantôt il actionne l’autre, nous avons des creux suivis de plats où l’on tombe dans le vide puis un fracas énorme qui fait vibrer la coque sous nos pieds. Encore et encore. Quelques fois, nous tangons si fort sur le côté qu’on croirait presque que nous allons faire un tonneau. On s'agrippe comme on peut, mais on valdingue de tous les côtés.

    Alexandre sanglote de peur, la jeune femme devant lui est terrorisée. Jules pleure de se prendre tant d’eau dans le visage, une allemande derrière nous prie. Certains sont prostrés, la tête sur leur genou, comme en position de sécurité.

    Le capitaine est mari, père et grand-père. Il ne va pas prendre la mer si c’est dangereux. On se répète ce type de phrases. Le capitaine connaît la route, ils ont l’habitude. Ce sont des gens de la région. N’empêche que leurs coups d’œil à l’arrière et leurs mines graves ne nous rassurent pas.

    Tous à l'eau !

      

    Nous commencions à réfléchir à comment nous ferions si le bateau sombrait : qui prendra quel enfant ? Comment nous organiserions-nous ? Avec trois enfants, ce n’est pas évident. C’est dire comme nous étions rassurés ! Ce qui nous angoissait, c’est cette bâche, au-dessus du bateau. Si nous nous renversions, comment faire pour sortir du bateau ? Surtout, comment sortir Jules, incapable de retenir sa respiration ?

    Au bout d’une trentaine de minutes, nous avons changé de direction et tout ça s’est apaisé. De plus, nous passions désormais entre des îles qui nous protégeaient des plus gros remous. On a commencé à se détendre, mais ce n’est qu’en touchant terre, au bout d’1h15 de voyage (au lieu de 45 min) que nous avons pu réellement souffler. Sur le quai, nous étions autant mouillés que si nous nous étions baignés !


  • Commentaires

    1
    Frudy'M
    Jeudi 25 Juillet 2013 à 00:09

    Quelles émotions pour vous 5 ! Heureusement, tout s'est bien terminé....  Profitez bien maintenant que vous êtes "à terre"... Gros bisous. Mamie

    2
    Jessdem
    Vendredi 26 Juillet 2013 à 14:11

    Que d'émotions oui !!

    Gros bisous

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